Hébert EDAU
Artiste peintre
Hébert Edau est né le 23 avril 1974 à Trois-Rivières en Guadeloupe. Après l’obtention du baccalauréat en section F12 (arts appliqués), il effectue un parcours remarquable d’étudiant brillant à l’Institut Régional d’Arts Visuels (I.R.A.V.) en Martinique de 1994 à 1999. En cinquième année il consacre, pour son projet de Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique (D.N.S.P.), son attention à une installation vidéo sur le thème du « Lewoz », ou soirée dédiée à la musique populaire guadeloupéenne, le Gwo-ka. Edau obtient pour cette réalisation, les félicitations du Jury. Mais cet artiste est aussi profondément peintre et il prouve par des œuvres à la plasticité puissante.
Il y a fort peu d’artistes abstraits en Guadeloupe où le goût dominant est largement figuratif, voir académique. Hébert Edau est de ces sages peintres courageux, il affronte le tableau par une matière épaisse, longuement malaxée et confronte des figures difficilement décelables à des strates de couleurs, distribuées par pavés éclatés, ventilées comme sous la poussée violente d’une irruption volcanique. Il procède par le brouillage des figures, par leur superposition et leur cassure. Un jeu de teintes antinaturalistes caractérise les tableaux peints par ce jeune plasticien aux gestes appuyés, comme autant de signes forts. Ce qui frappe encore l’imagination, ce sont des titres déconcertants au regard de ce qui est montré. « Paysage blanc », « Paysage bleu », « Paysage rouge ». Cela est d’autant plus curieux, que le choix de ces formats carrés n’induit pas à priori l’idée de paysage.
Pourtant, sous l’épaisse couche de peinture, l’idée de paysages dans lesquels s’inscrivent des figures enfouies, cachées, apparaît de par un dispositif plastique parfois évocateur de la crique, d’un lieu situé sous la mer. Toutes ces compositions indiquent le sentiment d’un drame, d’une disparition. On ne saura pas déterminer exactement de quelle situation il s’agit, mais on a le choix entre les épreuves que fournit régulièrement la nature tumultueuse des Antilles (cyclones, tremblements de terre, volcanisme), et l’histoire tragique des hommes déportés et réduits en esclavage. Toujours est-il que le souvenir de drames passés, et de la condition servile des hommes sauvagement entraînés vers ces terres, semble hanter la mémoire d’Hébert Edau.
Il n’est cependant pas embarrassé par une idéologie, car c’est un authentique travail de peinture que nous avons sous les yeux ; régi par une grande richesse de textures et de nuances. Point de discours superflu. Quand bien même l’artiste rend compte de la terrible condition humaine, il donne aussi à voir sa préférence, celle d’une expression picturale libre d’une conception préétablie. De ces compositions projetées par des blocs circulaires, émane un sentiment de tristesse et de dérive, que confirme d’une certaine façon, cette déclaration de l’artiste, « Peindre pour moi, est une sorte d’état d’intériorité, c’est assumer ma propre histoire, l’histoire de la peinture, de l’humanité ».
Les compositions les plus récentes d’Hébert Edau basées sur la transfiguration des paysages de la Guadeloupe : « Payizaj bôkaz », sont plus aisément identifiables que ses œuvres antérieures.