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Artiste visuel

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Antoine NABAJOTH

ARTISTE PLASTICIEN

 

 

 

 

Ma pratique picturale depuis 1985 questionne l’humain, la nature, mon enfance. L’ensemble de mon travail est profondément inspiré par le quartier de ma jeunesse Abymienne : « La rue du cimetière », avec les références à l’imaginaire symbolique. A la recherche de l’émotion provoquée par la vivacité des couleurs que je choisis, j’utilise différentes techniques pour surprendre l’œil et pour dompter la fulgurance des thèmes qui surgissent dans ma peinture.

 

La peinture sort donc directement du tube ; je peins sans palette, les couleurs à vif. Je multiplie les techniques : pinceau, couteau, fourchette, éponge, carton, truelle, etc. Tout ce qui est utile à répandre de la peinture. En détournant ces objets pour qu’ils servent de pinceau, on en arrive à diversifier les effets et à jouer de la matière. Je peins également plusieurs toiles en même temps, de sorte que ma réflexion est inlassable, jamais au repos. Et chaque va-et-vient me permet un regard renouvelé différent parce que je reviens d’un autre thème.

 

Cette stimulation permanente m’a permis de traverser les années sans avoir le sentiment de me répéter, en m’obligeant à rester en éveil face à mon propre travail. Ce que je veux transcrire c’est une expression vive, une forme de nudité dans l’image à laquelle le spectateur pense au-delà de la représentation. Chaque tableau est comme une tranche de vie, un appel à l’évasion ou à un retour au fond de soi. Je tente de restituer ce que le cœur voit à travers son passé, ses expériences joyeuses ou douloureuses, sa mélancolie continue et qui est évoqué par des figures simples du paysage de la Guadeloupe. D’où ces cases créoles, moulins, mares, mangroves, palétuviers, plantes créoles (rimèd razyé, Lyann bwa patat, féyaj, …) et animaux ; et toute cette nature qui nous regarde. Ces figures familières parce que les sujets qui nous sont donnés de voir dans notre quotidien se révèlent soudain extraordinaires dès qu’ils entrent dans la peinture.

 

Ma démarche artistique est donc de faire face au réel dans l’âpre souvenir de la vie difficile qui s’organisait dans mon pays, en restituant aux scènes habituelles ou traditionnelles toute la beauté que l’œil ne voit pas tout de suite mais que l’on garde au fond de soi pour nourrir ce que nous sommes.