Controversés
Jean-Baptiste Colbert (1619 – 1683)
Colbert, figure politique et économique marquante du temps de Louis XIV, possède sa statue devant l’Assemblée nationale à Paris. Un appel à la déboulonner a été lancé lors d’une manifestation samedi dernier à Paris par la Ligue de défense noire.
Le ministre de Louis XIV reste évidemment l’économiste emblématique à l’origine d’une doctrine ayant pris son nom – le colbertisme – selon laquelle la puissance d’un pays est proportionnelle à ses réserves en métaux précieux, en or notamment. Néanmoins, ce même personnage est aussi à l’origine de la rédaction de l’Edit sur la police des esclaves, aussi connu sous le nom de Code Noir. Ce texte définit à l’époque le statut légal des esclaves, d’abord aux Antilles puis dans le reste des colonies.
Victor Schœlcher (1804 – 1893)
Avant même la mort de George Floyd, deux statues de Victor Schoelcher avaient été brisées par des manifestants en Martinique le 22 mai dernier, jour de commémorations de l’abolition de l’esclavage sur l’île. Emmanuel Macron avait alors condamné fermement ces dégradations. Selon lui, elles “salissent la mémoire” de Schœlcher, et “celle de la République”.
Victor Schoelcher est connu pour avoir aboli l’esclavage en France. Dans les faits, après la révolution de février 1848, il occupe dans le gouvernement provisoire la fonction de sous-secrétaire d’État à la Marine. Il rédige le décret actant la fin de l’esclavage en France et qui est signé à Paris le 27 avril. Si ce dernier prévoyait un affranchissement progressif des individus sous ce régime, son application a finalement été accélérée à la suite de soulèvements outre-mer. Malgré ses combats pour obtenir la fin de l’esclavage, les détracteurs de Victor Schoelcher lui reprochent une participation à un pouvoir prônant le colonialisme.
François Mahé de Labourdonnais (1699 – 1753)
François Mahé de Labourdonnais a d’abord été un marin de la Compagnie française des Indes orientales. Il a ensuite été nommé gouverneur général des Mascareignes (archipel de l’Océan indien dont font aujourd’hui notamment partie La Réunion et l’Île Maurice). Il y débarque en 1735. On lui reproche son passé colonialiste dans ces îles. Sa statue, située devant la préfecture de Saint-Denis à La Réunion a ainsi déjà subi des dégradations par le passé, notamment en 2011. Elle se retrouve une nouvelle fois dans le viseur des militants anti-racistes Une autre statue est érigée à Saint-Malo.
Général Louis Faidherbe (1818 – 1889)
Louis Faidherbe constitue l’une des figures les plus connues du colonialisme français. Il a été pendant de nombreuses années gouverneur du Sénégal. Il est connu pour avoir débuté une extension massive – et violente – de son territoire mais aussi y avoir impulsé un premier essor économique. A l’occasion du bicentenaire de sa naissance, en 2018, le collectif “Faidherbe doit tomber” avait fait parvenir une lettre ouverte à la mairie de Lille pour demander le retrait de la statue présente en ville. Le message dénonçait un personnage qui avait mené “une guerre d’extermination” et conduit à “l’imposition d’un système d’oppression raciste”. Avec les derniers événements, cette statue fait de nouveau débat. Il s’est à nouveau réuni samedi 20 juin à Lille pour réclamer le déboulonnage de la statue.
Edward Colston (1636 – 1721)
La statue d’Edward Colston, à Bristol, a été l’une des premières à se voir déboulonnée par les militants anti-raciste au Royaume-Uni. La représentation en bronze a été mise à bas de son piédestal dimanche 7 juin avant d’être jetée dans les eaux du port. Elle a été repêchée quelques jours plus tard par les service de la municipalité qui a précisé qu’elle serait dorénavant placée dans un musée. Colston a bâti sa fortune grâce au commerce triangulaire et à la traite négrière. Il a donc prospéré grâce au commerce d’esclaves. Bristol, la ville dont il est originaire, possède de nombreux lieux à son nom.
Christophe Colomb (1451 – 1506)
Christophe Colomb est un navigateur resté célèbre pour avoir découvert l’Amérique. Nombre des représentations à son effigie aux Etats-Unis, à Boston ou Richmond notamment, ont ces derniers jours subi les foudres de la population. Le navigateur est associé aux génocides amérindiens qui ont suivi sa découverte et est dénoncé au même titre que des esclavagistes ou autres personnalités controversés.
Léopold II (1835 – 1909)
Roi de Belgique de 1865 à 1909, Léopold II a marqué, de manière controversée l’histoire de son pays. Il est surnommé par certain le “roi bâtisseur” pour les nombreux travaux publics de modernisation dont il a été à l’origine. Parallèlement, il est aussi sévèrement critiqué pour sa politique coloniale violente et notamment ses actions au Congo. Dans ce pays, longtemps propriété privée du roi, il est accusé d’avoir causé la mort de millions de personnes. Un passé qui heurte et engendre la colère de militants anti-racisme. Plusieurs statues du souverain en Belgique ont subi des dégradations, à commencer par celle de Tervuren, près de Bruxelles.
Winston Churchill (1874 – 1965)
L’emblématique premier ministre britannique a vu sa statue à Londres taguée d’un “was a racist” (il était raciste ndlr). L’homme d’état est connu pour sa résilience et sa détermination qui ont permis d’impulser au Royaume-Uni l’énergie nécessaire pour tenir tête à l’Allemagne nazie. David Cameron, à la tête du gouvernement anglais de 2010 à 2016, avait même qualifié Churchill de “meilleur des Premiers ministres”.
Néanmoins, le “vieux lion” est parfois mis en cause depuis quelques années pour certains propos et positions racistes. En son temps, il s’était notamment montré “fermement en faveur de l’utilisation de gaz toxiques contre les tribus non civilisées” dans un mémorandum longtemps resté secret.
Joséphine de Beauharnais (1763 – 1814)
Controversée depuis de très nombreuses années, la statue de Joséphine de Beauharnais née en Martinique et épouse de Napoléon Bonaparte qui a rétabli l’esclavage en 1802, avait déjà été mise un peu à l’écart plusieurs dizaines d’années auparavant, sur une aire qui reste malgré tout fréquentée. En 1991, elle avait été décapitée et éclaboussée de peinture rouge sang par des activistes qui réclamaient déjà son retrait.
Ce dimanche 26 juillet 2020, elle a donc été mise à terre par le même groupe de manifestants qui avait déjà revendiqué la destruction des statues de Victor Schoelcher.
Napoléon Ier (1769 – 1821)
Le Rétablissement de l’esclavage par Napoléon au début du XIXe siècle fait référence à un ensemble de textes et d’événements militaires survenus entre 1802 et 1804, constituant une « avancée progressive vers le rétablissement de l’esclavage » et de la traite négrière dans les premières années de pouvoir de Napoléon Bonaparte, et revenant à abroger le décret du 4 février 1794 qui avait aboli l’esclavage dans toutes les colonies sous la Révolution française.
Sa statue a été déboulonné à Rouen fin octobre 2021.
Robert Edward Lee (1807 – 1870)
En Virginie, où se sont installés les premiers colons anglais avant de devenir le cœur de l’Amérique esclavagiste, des manifestants réclament le déboulonnage de la statue du commandant en chef de l’armée sudiste, le général Robert Lee. La statue, dont le piédestal a été recouvert de graffitis antiracistes, trône depuis un siècle sur une place de Richmond, capitale des Etats confédérés lors de la guerre de Sécession (1861-1865)
Albert Pike (1809 – 1891)
À Washington, une statue en hommage au général sudiste Albert Pike a été mise à bas et dégradée vendredi 19 à samedi 20 juin
Andrew Jackson (1767 – 1845)
Dans le square devant la Maison-Blanche, les manifestants ont tenté lundi de faire tomber la statue du controversé président américain Andrew Jackson à l’aide de longues cordes, avant d’être dispersés par la police avec du gaz lacrymogène.
La ville de Jackson retire Andrew Jackson de son sceau officiel.
Thomas Jefferson (1743 – 1826)
Le troisième président des États-Unis, Thomas Jefferson, est la cible de certains manifestants qui ont vandalisé plusieurs monuments le représentant. Car s’il fut l’un des auteurs de la Déclaration d’indépendance, il a été le propriétaire de plus de 600 esclaves et estimait que les hommes noirs étaient inférieurs aux blancs, rappelle le site internet de son ancienne plantation devenu musée à Monticello, en Virginie.
La ville de New York va retirer en 2021 de l’hôtel de ville une statue de Thomas Jefferson vieille de près de deux cents ans.
Antoine Richepanse (1770 – 1802)
En 2002, à Paris, le maire Bertrand Delanoë a débaptisé la rue Richepanse, général envoyé par le consul Bonaparte en Guadeloupe pour y rétablir l’esclavage au prix d’une répression féroce.
Charles Victoire Emmanuel Leclerc (1772 – 1802)
La sculpture de Charles Victoire Emmanuel Leclerc située derrière la cathédrale Saint-Maclou de Pontoise (Val-d’Oise), face à la gare, fait débat depuis le début des déboulonnages récents. Il est tenu pour responsable du massacre du peuple haïtien en 1802.
Jefferson Davis (1808 – 1889)
La statue de Jefferson Davis, le seul président des Etats confédérés durant la guerre de Sécession, a été retirée du campus de l’université du Texas en 2015.
Charles de Gaulle (1890 – 1970)
Un buste de Charles de Gaulle situé à Hautmont (Nord) a été recouvert en partie de peinture fluo orange et le piédestal, tagué au dos de la mention “esclavagiste” lundi 15 juin 2020.
Bartolomé de las Casas (1474 ou 1484 – 1566)
Prêtre du XVe siècle, défenseur des amérindiens, figure critiquée pour défense et encouragement de l’esclavage des noirs, histoire qui fait débat (certains disent que quand il a pris conscience de ce que l’esclavage était, il a défendu la liberté des personnes esclavagisées).
Theodore Roosevelt (1858 – 1919)
La statue de Theodore Roosevelt a été déboulonnée à Portland (USA) le 12 octobre 2020.
Nathan Bedford Forrest (1821 – 1877)
La statue de Nathan Bedford Forrest a été déboulonné à Memphis en décembre 2020.