La rue piétonne
Les espaces picturaux de Samuel GELAS ont beau être toujours centrés sur les personnages, une telle hiérarchisation de la composition ne demeure simple que dans les termes. Cette focalisation sur la figure humaine est à double sens, il s’agit d’un contenu iconographique récurrent autant que d’un élément plastique essentiel et structurel, qui distribue et crée l’espace pictural. En outre, le fond dans lequel elle s’insère ou dont elle émerge, sous-tend un espace imaginaire continu qui existe visuellement et mentalement par la continuité des motifs abstraits.
La rue Piétonne (2010) livre un fragment de foule aperçu puis recomposé par l’artiste. Les carnations des protagonistes (musiciens et danseurs) sont peintes tandis que leurs vêtements sont dessinés et laissés en réserve. Le fond n’a en revanche rien de réel ou de figuratif. Des tâches de couleurs vives ont été comme projetées en surface, elles empiètent ici et là sur le sujet. Elles apparaissent au travers d’une découpe dans le pelage d’un chien ou dans un visage.
Ce fond fragmenté et abstrait perce littéralement les surfaces et présente le son des percussions du Gwo-ka (musique traditionnelle antillaise) et de la culture immatérielle qui l’accompagne (chants, danses, rites…).
Extrait de texte écrit par Caroline Soyez-Petithomme, Critique d’art, lors de la 56ème édition du Salon de Montrouge.